Un pavé dans le bénitier :

Le centre œcuménique Emmanuel – aujourd’hui devenu église de l’Emmanuel - a été construit en 1978 (pose de la première pierre le 20 mai), par l’Association œcuménique Emmanuel et sous l’impulsion de l’Association diocésaine d’Aix-en-Provence, dans la ZAC de Barriol à Arles (23, avenue Bachaga Boualem), selon les plans des architectes Émile Sala et D. Jouve. Le premier novembre 1978 est célébrée la première messe. Cette construction répond au souhait de la communauté catholique d’implanter une communauté de religieuses – la communauté des Sœurs de la Providence - dans le nouveau quartier de Barriol. Il n’y avait alors pas de lieu de culte dans cette cité naissante. Aussi, l’ensemble des chrétiens sollicite la municipalité pour que leur soit cédé un terrain où ils souhaitent édifier un bâtiment répondant mieux à leurs besoins. Un avis favorable est donné par le Maire (Décision du Conseil Municipal du 31 mars 1978), à condition toutefois que le bâtiment puisse être utilisé par toutes les confessions du quartier : catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, israélites. Le propriétaire est l’association diocésaine d’Aix-Arles. La Maîtrise d’Ouvrage était attribuée à M. CHAUCHARD Jean. Le parking, le cheminement et l’espace vert restent la propriété de la commune. Le centre œcuménique Emmanuel est ensuite devenu l’église de l’Emmanuel dans les années 1990. Il a donc perdu la condition de départ qui était la contrepartie de la cession gratuite du terrain par la ville d’Arles ; le Maire de l’époque, était Jacques PERROT (PCF). Dans la foulée, différentes activités religieuses comme les kermesses et les lotos paroissiaux, des conférences ou les messes de minuit ont disparues au grand regret des habitués. Les messes hebdomadaires et les enterrements ont continué à être célébrés. En 1995, la Ville cède le terrain d’assiette du centre l’Emmanuel à l’Association Diocésaine par acte notarié (parcelle BE 0385 de 1 392 m²). La commune conserve la parcelle BE 162 de 935 m². En 2005/2006, une extension du bâtiment est réalisée avec la construction de logements utilisés par les Filles de la Résurrection. En effet, depuis quelques années, l’église est occupée et gérée par Les Filles de la Résurrection, des religieuses originaires de Casamance au Sénégal. Une association voit le jour : « Amitié Provence Casamance » pour les accompagner et aider les Sœurs de leur congrégation de Ziguinchor qui œuvrent en direction des populations défavorisées de Casamance. A Arles, les Sœurs ont créé le repas annuel de la Joie Pascale et sont devenues incontournables au sein de la communauté chrétienne.

Récemment, Don Jean-Yves URVOY, curé de la paroisse de Saint-Trophime, a convoqué une réunion à l’Emmanuel avec pour ordre du jour le déplacement de la communauté des sœurs vers l’église de Trinquetaille et l'avenir des lieux et de la chapelle qui pourrait disparaître selon ses propos,au prétexte que le coût de fonctionnement des lieux est trop élevé.Il a même parlé de gouffre financier à propos de l’entretien et du chauffage des locaux. Surprise, la communauté catholique est depuis en effervescence ! On peut même dire que lors de cette réunion le curé a jeté un pavé dans le bénitier ! Il veut transférer les sœurs à l’église Saint-Pierre de Trinquetaille dans des locaux vieux et très vétustes qui devraient nécessiter des travaux importants alors même que les logements de l’Emmanuel avaient été construits à leur intention. Il semble également déterminé à remplacer la présence religieuse catholique sur tous les quartiers de la ville par des « Fraternités missionnaires de quartier », où les croyants se réuniraient régulièrement chez les uns et les autres avec ou sans la présence d’un prêtre, pour être au plus près des réalités. Dans le monde séculier, lorsque l’on propose une mutation à une personne c’est souvent pour une promotion ou une récompense, ici ce déménagement, bien qu’ayant été accepté par les religieuses, pourrait laisser accroire à une sanction des sœurs africaines qui ont pourtant apporté beaucoup à Barriol – Semestres – Plan du Bourg (7 500 habitants – Taux de pauvreté : 49,4 *) et au-delà.

Don Jean-Yves a-t-il une délégation de l’évêque et de l’Association diocésaine d’Aix – Arles pour gérer les propriétés de la paroisse d’Arles ? Quid du devenir de l’église de l’Emmanuel : destruction ? (un crève-cœur pour les fidèles qui seront privés de ce lieu de recueillement), changement de statut ? En tout cas, une fois l’église de l’Emmanuel vide, on peut avoir la tentation de réaliser une bonne affaire immobilière ? Beaucoup de questions restent sans réponse. Affaire à suivre.

Le futur Maire d’Arles devra être attentif aux projets du diocèse afin de pouvoir émettre un droit de préemption sur ce bien pour le garder à la commune.

* Le seuil de pauvreté monétaire, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, s'établit à 1 026 euros par mois pour une personne seule en 2016.

Photo ASSPB :