Un urbaniste chez les curés :

« L’urbaniste est un technicien spécialisé dans l’ordonnancement des espaces urbains. Son rayon d’action concerne principalement les agglomérations et la planification territoriale. » (Wikipédia).

C’est ce que propose, pour l’immobilier diocésain dispersé dans la ville, Don Jean-Yves Urvoy Roslin, curé d’Arles, dans un long message aux paroissiens. Il indique avoir travaillé depuis trois ans sur la structuration des biens immobiliers et leur redéploiement, le tout pouvant concerner des ventes et des achats.  Il affirme que Mgr Dufour et le Collège des consulteurs ont validé l’ensemble de son projet pastoral.

Notre association a alerté l’ancienne municipalité* lorsque nous avons appris que Don Jean-Yves Urvoy souhaitait vendre l’église de l’Emmanuel et le terrain cédé gratuitement** par le Maire communiste de l’époque, Jacques Perrot !  Nous sommes loin de Don Camillo.

Extraits du message :

« Au cœur de ce projet, trois défis nous animent :

1.     Bâtir ensemble notre Maison commune au Carmel : une maison paroissiale, familiale et missionnaire, capable de rassembler notre famille paroissiale dans son ensemble et ouverte sur notre ville, avec au cœur le souci de la rencontre entre les générations et de la conversion écologique. 

2.     Assurer, de manière pérenne, une présence forte de l’équipe sacerdotale, au centre-ville, en habitant au presbytère de la Major, autour du cœur liturgique de la paroisse : la primatiale Saint-Trophime. 

3.     Maintenir et consolider, dans chacun des quartiers et hameaux de notre paroisse, la présence de la communauté chrétienne, à travers un lieu de culte et un lieu pour se réunir. 

L’importance des travaux à mener au Carmel et la charge actuelle immense du patrimoine immobilier de la paroisse nous conduisent à programmer les opérations suivantes : 

-          La réalisation, à la Maison du Carmel, en plusieurs tranches successives, sur plusieurs années, des espaces suivants :

le maintien de l’espace Jeunesse, déjà existant, qui accueille le patronage et l’aumônerie notamment. 

l’espace paroissial, avec l’accueil et le secrétariat, les bureaux des prêtres, les salles de réunion pour l’ensemble des groupes. 

un foyer d’étudiants et jeunes professionnels.

le logement d’une communauté religieuse missionnaire et un autre logement locatif pour une famille. 

le béguinage***, ensemble de logements locatifs et communautaires pour nos anciens.

 -          L’installation de l’équipe des prêtres, diacre et séminariste de la Communauté Saint-Martin au presbytère de la Major. Un travail de concertation avec la commune a été initié, afin de permettre la signature d’un bail entre la commune d’Arles et l’association diocésaine sur le presbytère déjà actuellement laissé par la commune à la disposition de la paroisse.

-          La mise en vente du presbytère actuel du 10-12 rue du Cloître. Le processus de mise en vente, avec tous les éléments de diagnostic nécessaires, a été également initié. 

-          La mise en vente de la majeure partie du terrain de la Sainte-Famille, avenue de Stalingrad (hors église, sacristie, salle de réunion et portion du terrain qui permet l’accès à la sacristie). Le processus de mise en vente du terrain a été initié en lien avec des promoteurs immobiliers, afin de favoriser au maximum le logement solidaire.

-          Les travaux d’aménagement du presbytère de Saint-Pierre de Trinquetaille, afin de permettre la réalisation d’au moins 5 appartements. Cette opération prévoit l’installation de nos sœurs, les Filles de la Résurrection, dans un logement adapté à leur vie commune, et la mise en location d’au moins 4 logements. 

-          La mise en vente du terrain du centre de l’Emmanuel. Le processus de mise en vente a été initié.  Il comprend nécessairement – c’est une condition fixée par le diocèse – un mécanisme juridique de dation à la paroisse d’un espace au sein du nouvel ensemble immobilier permettant le maintien d’un oratoire, avec sacristie et salle de réunion attenantes. 

Si le curé comprend l’émotion qu’il suscite et entraine parfois « des sacrifices et des renoncements », il n’en reste pas moins qu’il devrait réaliser une belle opération financière pour le diocèse, notamment au niveau de l’Emmanuel.

 *supplément à La Page N° 72, avril 2020 et Blog ASSPB du 06 février 2020 : « Un pavé dans le bénitier ».

**la cession gratuite était assortie d’une condition : le centre œcuménique l’Emmanuel devait être ouvert à toutes les confessions du quartier !

***un béguinage est un lieu où vivait une communauté religieuse laïque de béguines. 

Photo ASSPB :

Un pavé dans le bénitier :
Le centre oecuménique Emmanuel – aujourd’hui devenu église de l’Emmanuel - a été construit en 1978 (pose de la première pierre le 20 mai), par l’Association oecuménique Emmanuel et sous l’impulsion de l’Association diocésaine d’Aix-en-Provence, dans la ZAC de Barriol à Arles (23, avenue Bachaga Boualem), selon les plans des architectes Émile Sala et D. Jouve. Le premier novembre 1978 est célébrée la première messe. Cette construction répond au souhait de la communauté catholique d’implanter une communauté de religieuses – la communauté des Soeurs de la Providence - dans le nouveau quartier de Barriol. Il n’y avait alors pas de lieu de culte dans cette cité naissante. Aussi, l’ensemble des chrétiens sollicite la municipalité pour que leur soit cédé un terrain où ils souhaitent édifier un bâtiment répondant mieux à leurs besoins. Un avis favorable est donné par le Maire (Décision du Conseil Municipal du 31 mars 1978), à condition toutefois que le bâtiment puisse être utilisé par toutes les confessions du quartier : catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, israélites. Le propriétaire est l’association diocésaine d’Aix-Arles. La Maîtrise d’Ouvrage était attribuée à M. CHAUCHARD Jean. Le parking, le cheminement et l’espace vert restent la propriété de la commune. Le centre oecuménique Emmanuel est ensuite devenu l’église de l’Emmanuel dans les années 1990. Il a donc perdu la condition de départ qui était la contrepartie de la cession gratuite du terrain par la ville d’Arles ; le Maire de l’époque, était Jacques PERROT (PCF). Dans la foulée, différentes activités religieuses comme les kermesses et les lotos paroissiaux, des conférences ou les messes de minuit ont disparues au grand regret des habitués. Les messes hebdomadaires et les enterrements ont continué à être célébrés. En 1995, la Ville cède le terrain d’assiette du centre l’Emmanuel à l’Association Diocésaine par acte notarié (parcelle BE 0385 de 1 392 m²). La commune conserve la parcelle BE 162 de 935 m². En 2005/2006, une extension du bâtiment est réalisée avec la construction de logements utilisés par les Filles de la Résurrection. En effet, depuis quelques années, l’église est occupée et gérée par Les Filles de la Résurrection, des religieuses originaires de Casamance au Sénégal. Une association voit le jour : « Amitié Provence Casamance » pour les accompagner et aider les Soeurs de leur congrégation de Ziguinchor qui oeuvrent en direction des populations défavorisées de Casamance. A Arles, les Soeurs ont créé le repas annuel de la Joie Pascale et sont devenues incontournables au sein de la communauté chrétienne.
Récemment, Don Jean-Yves URVOY, curé de la paroisse de Saint-Trophime, a convoqué une réunion à l’Emmanuel avec pour ordre du jour le déplacement de la communauté des soeurs vers l’église de Trinquetaille et l'avenir des lieux et de la chapelle qui pourrait disparaître selon ses propos, au prétexte que le coût de fonctionnement des lieux est trop élevé. Il a même parlé de gouffre financier à propos de l’entretien et du chauffage des locaux. Surprise, la communauté catholique est depuis en effervescence ! On peut même dire que lors de cette réunion le curé a jeté un pavé dans le bénitier ! Il veut transférer les soeurs à l’église Saint-Pierre de Trinquetaille dans des locaux vieux et très vétustes qui devraient nécessiter des travaux importants alors même que les logements de l’Emmanuel avaient été construits à leur intention. Il semble également déterminé à remplacer la présence religieuse catholique sur tous les quartiers de la ville par des « Fraternités missionnaires de quartier », où les croyants se réuniraient régulièrement chez les uns et les autres avec ou sans la présence d’un prêtre, pour être au plus près des réalités. Dans le monde séculier, lorsque l’on propose une mutation à une personne c’est souvent pour une promotion ou une récompense, ici ce déménagement, bien qu’ayant été accepté par les religieuses, pourrait laisser accroire à une sanction des soeurs africaines qui ont pourtant apporté beaucoup à Barriol – Semestres – Plan du Bourg (7 500 habitants – Taux de pauvreté : 49,4 *) et au-delà.
Don Jean-Yves a-t-il une délégation de l’évêque et de l’Association diocésaine d’Aix – Arles pour gérer les propriétés de la paroisse d’Arles ? Quid du devenir de l’église de l’Emmanuel : destruction ? (un crève-coeur pour les fidèles qui seront privés de ce lieu de recueillement), changement de statut ? En tout cas, une fois l’église de l’Emmanuel vide, on peut avoir la tentation de réaliser une bonne affaire immobilière ? Beaucoup de questions restent sans réponse. Affaire à suivre.
Le futur Maire d’Arles devra être attentif aux projets du diocèse afin de pouvoir émettre un droit de préemption sur ce bien afin de le garder à la commune.
* Le seuil de pauvreté monétaire, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, s'établit à 1 026 euros par mois pour une personne seule en 2016.