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Sud Semestres-Plan du Bourg
14 décembre 2020

Ne rayons pas "Drôles de Noël" d'un trait de plume :

A l'heure où la Culture est au plus mal, nous partageons volontiers cette tribune de deux anciennes Adjointes à la Culture de la ville d'ARLES :

"En 2004, la première édition du festival des arts de la rue « Drôles de Noëls » voyait le jour. Un an après les terribles inondations dans notre ville, à l’initiative de la municipalité, la culture venait panser à sa manière, et comme souvent à Arles, les traumatismes et les peines engendrées sur notre territoire. Noël 2004 devait donc être festif, lumineux, rassembleur et original pour rendre ses lumières à notre ville et mettre du baume au cœur des familles arlésiennes et   commerçants.

Seize ans plus tard « Drôles de Noëls »,  est un festival reconnu dans le monde entier. Rendez-vous de magie émerveillant petits et grands, il rassemble plus de 45 000 personnes (chiffres 2019) venus de toute la région et de plus loin encore, durant plusieurs jours de vacances précédant le 24 décembre. Offre culturelle populaire, gratuite, « Drôles de Noëls » rassemble sans distinction les habitants du centre-ville comme ceux de nos quartiers et villages. Les médias locaux, nationaux et internationaux ont largement contribué à sa notoriété, en relayant à la Une, des images de spectacles féériques et aériens inoubliables.

Cette programmation culturelle alliant cirque, musique, théâtre, acrobatie, magie, contes, marionnettes, manèges insolites a permis aux arlésiennes et arlésiens de tout âge d’admirer dans les rues, places et lieux patrimoniaux des spectacles différents et magiques. Certains, créés à Arles spécialement pour l’occasion, ont depuis, fait le tour du monde. 

En 2020, en raison de la pandémie, le festival a été annulé et remplacé par des illuminations… qui aussi belles soient-elles, restent des décorations. Pourtant des villes voisines, auxquelles Arles est souvent comparée pour mieux la critiquer, programment pour Noël, déambulations, fanfares et autres spectacles circassiens en extérieur…

L’on s’interroge alors sur l’avenir de la culture à Arles. La pandémie servirait-elle de prétexte à la suppression pure et simple du festival arlésien ? D’autres suivront-elles ? Si tout est bien sûr perfectible, il n’en reste pas moins une réalité bien ancrée dans le paysage culturel de la ville, qu’il convient de ne pas rayer d’un trait de plume.

Si, en 2021, « Drôles de Noëls » était amené à disparaître, ce serait, quoiqu’on en pense, un coup dur pour la ville. Un coup dur pour la culture, un coup dur pour nos artistes et les familles arlésiennes, fidèles depuis des années à ce rendez-vous de programmation hivernale...

COUP DUR POUR LA CULTURE 

En pleine crise sanitaire, le soutien direct aux compagnies préprogrammées est donc supprimé, elles qui ont, plus que jamais, besoin de commandes, de projets… de survivre. 

L'impact de la crise sanitaire pour le secteur culturel se traduira par une baisse considérable de leur chiffre d’affaire, nous devons nous attacher à sauvegarder le tissu artistique et culturel.

Supprimer définitivement « Drôles de Noëls », reviendrait à enterrer des compagnies déjà à l’agonie.

COUP DUR POUR LES ARTISTES ARLESIENS

« Drôle de Noëls » a su faire rêver le public grâce à de prestigieuses compagnies étrangères, mais aussi de nombreuses compagnies locales (près de la moitié à chaque édition). Pour elles, la suppression du festival entraînerait la disparition d’un soutien important à la création, fer de lance de la culture. Ne plus être programmés dans cette manifestation, qui rayonne au-delà de nos frontières locales, reviendrait à supprimer une vitrine unique de notre savoir-faire arlésien.

COUP DUR POUR L’ECONOMIE LOCALE 

Doit-on encore répéter qu’un euro injecté dans le secteur de la culture engendre sept euros de retombées économiques, soit plus que l’industrie automobile dans son ensemble? (Étude 2013 Ministère de la culture). À Arles, le chiffre c’est dix € (étude OT 2015). 

Le budget alloué à la réalisation de « Drôles de Noëls » fluctue depuis son origine autour de 200 000 €. Et que n’a-t-on entendu à ce sujet ! Par méconnaissance notamment du coût réel d’un festival de cette envergure, qui se chiffre, partout ailleurs en millions d’€. Mais aussi et surtout par méconnaissance de ce qu’il génère en retombées économiques pour la ville. 

La moitié de ce budget, soit près de 100 000 €, est en réalité directement injectée dans l’économie locale, grâce aux locations de matériels et techniciens audiovisuels, auprès de PME arlésiennes. Grâce aussi aux services des agences de sécurité, des supermarchés et boulangeries d’Arles. Grâce aux réservations de chambres d’hôtels, de repas au restaurant et auprès de traiteurs arlésiens, pour les équipes de 100 à 200 artistes, qui à chaque édition consomment elles aussi dans les commerces de notre ville. Sans parler de l’aide directe à l’emploi artistique local. 

Les retombées indirectes quant à elles, sont importantes : des milliers de visiteurs arrivent plus tôt dans la journée pour profiter d’un moment en famille de shopping, d’une boisson chaude, ou d’un repas avant les temps forts place de la République, au théâtre antique ou dans les arènes (plus 6000 personnes assises recensées lors de la dernière édition pour la soirée du 24 décembre). 

Si la suppression de « Drôles de Noëls » devenait définitive, c’est donc tout un pan de l’identité culturelle de notre ville qui disparaîtrait, témoin et symbole de notre résilience toute arlésienne. Un chemin à l’encontre de tout ce qui doit s’envisager aujourd’hui pour sauver l’exception culturelle de notre territoire... 

Ainsi, rayer d’un trait de plume ce festival à grand succès, n’a pas de sens. Sauf à penser que chaque nouvelle municipalité doit marquer de son empreinte son mandat. Si tel était l’esprit qui préside à l’annulation cette année, il faudrait alors se méfier d’une telle décision, purement comptable ou pire politique. Car en vue de satisfaire l’instant, elle pourrait aussi bien effacer les repères du long chemin qui a conduit Arles, pas à pas, vers l’attractivité et le rayonnement culturel mondial qui est le sien aujourd’hui." 

 

CLAIRE ANTOGNAZZA et CLAUDIE DURAND

Anciennes adjointes à la culture de la ville d'ARLES.                                        

Photo ASSPB :                                                                                                                         

Drôles de Noëls 17-12-2011 014

 

 






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